mardi 20 novembre 2012

Traditions et légendes de Belgique (8 à suivre).

20 février. (Cynoglossum omphalodes. ) Sainte Euchère; saint Éleuthère, en l'honneur duquel trois églises sont consacrées, est le patron de la ville de Tournai. Saint-Éleuthère naquit à Tournai de Soremus et de Blanda fervents chrétiens. A peine eut-il achevé ses études (saint Médard avait été son condisciple et son ami), qu'il fut banni avec les autres fidèles par le commandant payen de la ville. Tous se retirèrent à Blandin, où l'évêque Théodore étant mort, Éleuthère fut choisi pour lui succéder. Quelques années plus tard, Éleuthère ressuscita, en présence de la foule étonnée, la fille même du commandant persécuteur, enterrée depuis quelques jours. Le commandant se convertit, et Éleuthère rentra à Tournai avec les chrétiens bannis. Il y baptisa en une seule semaine plus de onze mille idolâtres et bâtit, en l'honneur de la Mère du Christ, une cathédrale magnifique. Mais l'apôtre de Tournai ne borna pas là ses travaux. Il prêcha, non sans succès, l'Évangile parmi les peuplades encore idolâtres de son vaste diocèse, combattit l'arianisme qui faisait de grands ravages dans son troupeau, et réunit un synode pour extirper la secte des acéphales. Furieux de voir à saint Éleuthère tant d'énergie, quelques sectaires se jetèrent sur lui, comme il sortait de l'église de Notre-Dame, t le laissèrent pour mort sur la place. Le saint survécut cependant plus d'un mois à cet affreux attentat. II mourut, le 20 février 531, et ses restes sacrés furent inhumés à Blandin, dans l'église des Saints-Apôtres [78]. * * * 21 février. (Crocus versicolor). Saint Pepin; sainte Vitaline; saint Sévérien. Saint Pepin de Landen mourut le 21 février 640 ou 647, à Landen. Il y vit probablement le jour, puisqu'il en porta le nom et qu'il y fut enterré; mais plus tard, on ne sait à quelle époque, son corps fut transporté à Nivelles, où il repose près de l'autel de sainte Gertrude, sa fille, et où une même tombe réunit ses restes à ceux de sainte Itte, son épouse, et à ceux de sa nourrice. Le jour de la translation, un grand cortége de personnes portant des flambeaux accompagna ses restes mortels depuis Landen jusqu'à Nivelles et dans tout ce long trajet, le vent, quoiqu'il fût très-impétueux, n'éteignit pas, dit-on, un seul de ces cierges. C'est pourquoi ce bienheureux prince y est honoré comme un saint, quoiqu'il ne soit pas encore canonisé, et chaque année aux processions des Rogations, sa châsse est portée avec celle de sainte Itte ou Iduberge, son épouse, et de sainte Gertrude, sa fille. On attribue à Pepin la fondation du sanctuaire de Marie qui subsiste encore à Landen [79]. * * * 22 février. (Bellis perennis.) Chaire de saint Pierre à Antioche, fête instituée en mémoire du siège pontifical, que le vicaire de Jésus-Christ établit d'abord à Antioche, la dernière année du règne de Tibère. C'est la plus ancienne et la plus importante fête de saint Pierre. Nous la trouvons déjà indiquée dans la liste composée en 354 à Rome. Elle se célèbre le jour même où dans les premiers temps du christianisme on chômait l'anniversaire de l'enterrement des saints Pierre et Paul, et par la coïncidence de quelques solennités païennes qui avaient lieu vers la même époque, elle devint bientôt très-populaire. Car les usages qui se pratiquent encore maintenant ce jour-là dans différentes contrées de l'Allemagne et des Pays-Bas, sont évidemment d'origine païenne. N'ayant pu réussir à les abolir, l'Église chercha à les christianiser peu à peu, en substituant la fête de la chaire de saint Pierre à celle de la « parenté chérie » qui se célébrait le 22 du sprokkelmaend. C'est pourquoi dans les documents du moyen-âge ce jour est ordinairement désigné par son nom primitif de « cara cognatio ». Comme le nom l'indique, cette fête se chômait en l'honneur des parents ou amis décédés. On se rassemblait aux pieds de leurs tombeaux on y renouvelait chaque année le repas funèbre ou le « dadsisas [80]. » A l'origine ce repas, qui terminait les funérailles, avait lieu le troisième, le septième et le trentième jour après le décès, mais Charlemagne borna ces repas à un seul banquet qui devait se donner le jour même de l'enterrement, usage qui s'est maintenu jusqu'à nos jours dans presque tous les villages de la Belgique. Les « trentaines, » qui se pratiquent encore sous le nom de « dertigste, » et les messes appelées en Flandre « derde en sevenste, » troisièmes et septièmes, nous rappellent l'ancienne cérémonie du « dadsisas, » tandis que la croyance, d'après laquelle on réjouit les âmes du purgatoire en bénissant ce jour les racines et les fruits dont on veut faire usage, se rattache probablement à la fête de la parente chérie [81]. Comme le printemps de l'ancienne année dans le nord teutonique commençait au 22 février, ce jour est resté un grand jour de sort pour le temps. On aime que ce jour soit clair cela fait espérer qu'il ne gèlera pas en mai. S'il gèle la nuit avant la chaire de S. Pierre, le froid ne cessera pas avant quarante jours. S'il ne gèle pas ce jour, il ne gèlera plus du tout [82]. * * *

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