jeudi 28 mars 2013

L'affaire Rennes le Château.

Association
RLC.doc
le 8 mars 2013.
Délibération du 25 février 1883
La délibération qui suit rend parfaitement compte de l’état de l’église en 1883 et comme sont
financièrement démunis la municipalité de Rennes-le-Château et le conseil de Fabrique face
aux réparations urgentes à y entreprendre. Devant cette impuissance, la Fabrique ne trouve
d’autre alternative que de solliciter des secours des plus hautes instances administratives et
gouvernementales.

Délibération du Conseil de Fabrique de l’église de Rennes-le-Château
réunie, en assemblée extraordinaire, à l’effet de demander au gouvernement
un secours des plus urgents.
L’an mil huit cent quatre vingt trois et le
vingt cinq du mois de février, le Conseil de Fabrique, dûment convoqué
le dix-huit février, au prône de la messe paroissiale s’est réunie, aux
Vêpres, au presbytère, lieu habituel de ses séances, en vertu d’une
autorisation spéciale, accordée par Monseigneur l’Évêque de Carcassonne
en date du dix-sept du même mois.
Le Conseil de Fabrique était présidé par M. Pierre Bonhomme.
À cette session extraordinaire se trouvaient présents M. Léon Mocquin,
curé
; M. Jean Tisseyre, maire
; M. Blaise Vidal, trésorier
; M. Joseph Maury
secrétaire
; M. Pierre Artozouls et M. Zacharie Péchou, marguilliers.
Avant la séance, M. le curé de concert avec M. le Maire et
M. le Président de la Fabrique, avait fait appeler deux ouvriers compétents
afin de constater l’état de délabrement où se trouve la voûte du
sanctuaire ainsi que l’état d’incroyable et déplorable vétusté qu’offre
l’autel avec ses colonnes vermoulues et avec son tabernacle en bois
dont les tristes portes se détachant à chaque instant et inondant
de leurs débris les nappes et les divers objets posés sur la pierre
sacrée nous font, à notre très grand regret, une rigoureuse et cruelle
obligation d’interdire le tabernacle et de nous priver, par conséquent,
de la réserve, parce que notre Seigneur Jésus-Christ n’est plus, dans
son étroite demeure, à l’abri, non seulement de l’humidité mais même
de la poussière provenant de la voûte crevassée et du retable
recouvert d’une épaisse couche de mortier de très mauvaise compo-
sition et pénétrant facilement dans le tabernacle à travers les
nombreuses fissures des planches se pulvérisant à vue d’œil par

l’action de l’air humide.
Ce n’est pas tout, car nous avons encore à gémir de l’état des fenêtres
de la Nef de l’église qu’un ouragan nocturne du 24 janvier 1883
a naguère enlevées et brisées en mille morceaux
; Depuis cette fatale
époque les malheureux fidèles sont condamnés à endurer, en plein
hiver, les inévitables intempéries de la froide saison si âpres principale-
ment dans ces hauts parages.
C’est pourquoi, n’ayant pas en main les moyens désirables pour
remplacer les fenêtres jetées, pendant la nuit, par la violence du vent,
au milieu de l’église, nous nous sommes vus dans la pénible nécessité
de fixer des planches dans leurs embrasures et aussitôt le jour a
été, par de tels procédés, naturellement intercepté.
Tel est l’exposé exact et à la fois très affligeant de la situation et
nous pouvons affirmer que nous sommes bien au-dessous de la vérité.
Pour comprendre en effet ce que nous souffrons tous, il faudrait de
toute nécessité se transporter sur les lieux, on ne peut pas se faire
sans cela une juste idée de nos souffrances.
En conséquence, c’est le jour de la réunion que M. le curé, afin
de remédier ou de faire remédier, avec diligence, à cette position
si navrante, a présenté aux membres du Conseil de Fabrique les
devis et détails estimatifs des réparations si urgentes à faire pour
remettre la voûte du sanctuaire dans un état convenable, remplacer
l’autel en bois par un autel plus digne de la Majesté Divine et placer
des fenêtres pour abriter les paroissiens et garantir les murs intérieurs
de l’église contre les pluies si fréquentes dans ce pays surtout.
On a examiné, avec soin, ce triple projet de restauration
; ainsi
que le projet d’agrandissement de la fenêtre ou plutôt de la lucarne
située au fond du sanctuaire dans le but de ménager une plus
grande abondance de lumière et afin aussi de prévenir et combattre

les ravages de l’humidité concentrée dans cette partie de l’édifice sacré,
partie, sans contredit, assez remarquable, son cachet original d’anti-
quité à l’extérieur principalement de l’abside.
Ces divers projets de réparation de la voûte du sanctuaire, du rem-
placement de l’autel principal, se démolissant tous les jours à vue d’œil,
par un autel en marbre, de l’élargissement de la fenêtre du sanctuaire
dans tous les sens et du placement de nouvelles fenêtres dans la Nef de
l’église, livrée à tous les vents, dressés par différents ouvriers respective-
ment sérieux il est facile de l’établir par les présents devis faisant
partie du dossier, en vue de mettre un prompt et efficace terme, si c’est
possible, à un pareil état de choses si désolant, si humiliant, ont trouvé un
écho favorable auprès de tous les membres du Conseil de Fabrique.
Aussi l’urgence de ces divers travaux ayant été reconnue par tous
et les devis en détails estimatifs susmentionnés ayant reçu l’approbation
du Conseil et de l’opinion publique, les membres présents
:
Vu l’insuffisance des revenus de la Fabrique qui ne jouit d’aucune
sorte sur l’État, ni d’aucune fondation
;
Vu l’insuffisance des revenus de l’Église qui, en dépit de sa ...
:
... pour les frais du culte, ne peut jamais venir à bout d’équilibrer
les recettes et les dépenses
;
Vu l’impossibilité où se trouvent les habitants de contribuer à la
réparation si importante, dont il a été question, par voie de
souscription ou par tout autre moyen approuvé par les lois qui
nous régissent
;
Vu l’impossibilité où se trouve encore la Municipalité d’accorder,
malgré son bon vouloir, la plus petite subvention à l’église
;
car les orages qui ont semblé fondre à dessein, en ces derniers
temps, sur cette commune, placée au sommet d’une montagne à
pic, ayant obligé le conseil municipal, si bien disposé d’ailleurs,

à s’imposer de grands sacrifices pour réparer les toitures de l’église,
du Presbytère et des dépendances de ce dernier immeuble et pour
recrépir une partie seulement des murs du clocher qui menace
ruines, ont naturellement épuisé les quelques fonds disponibles d’une
petite localité dont les charges, précisément en raison de la position
si élevée, sont relativement des plus lourdes tandis que les revenus
sont, pour le même motif, exceptionnellement des plus médiocres
;
Vu l’impossibilité où est réduite la Fabrique de pouvoir affecter,
à ces divers travaux jugés, par tout le monde, indispensables, la plus
petite somme
;
Vu enfin l’impossibilité de recourir au Conseil Municipal afin
d’en obtenir quelques secours
;
Vu, en outre, la déclaration de M. le Maire regrettant, au nom
des membres du Conseil Municipal, de ne pouvoir, d’aucune façon,
venir en aide à l’Église et affirmant de plus que les sacrifices
que la municipalité s’est imposée pour réparer les toitures de l’Église,
du Presbytère et des dépendances de ce dernier ont entièrement
tari les ressources si restreintes de la commune
;
Vu que M. le Maire a ajouté que les fonds régulièrement votés
pour le recrépissage du clocher menaçant depuis longtemps de
s’écrouler ne sont nullement suffisants pour mener à bonne
fin une réparation d’une telle importance
;
Vu, par conséquent, tous les considérants et toutes les explications
qui précèdent la déclaration affirmative de M. le Maire
;
les membres, ..., du Conseil de Fabrique ont
décidé à l’unanimité, après avoir, au préalable, prié M. le
Maire de remettre au Conseil Municipal une copie de
la présente délibération, de s’adresser directement, par
voie hiérarchique, sous les auspices de Monseigneur

et de Monsieur le Préfet, au Gouvernement et à Monsieur
le Ministre des Cultes pour solliciter de son Excellence et
du Gouvernement un secours suffisant capable de permettre
au Conseil de Fabrique et au Conseil Municipal de
réaliser leurs projets dans le plus parfait accord.
La séance a été levée par l’adoption complète de ces
différents projets
; vu l’urgence précédente des réparations à
faire et des secours à implorer, aucun membre du Conseil
n’a entamé de discussion, n’a demandé des explications
sur les mesures prises, n’est entré dans des considérations de
nature à paralyser des efforts si bien combinés
; tous
ayant à la vérité parfaitement compris l’utilité, la
nécessité des démarches respectueuses à faire auprès du
Gouvernement et de Monsieur le Ministre des Cultes
qui pourront compter désormais, comme auparavant, sur
la très vive reconnaissance du Conseil de Fabrique, du
Conseil Municipal et sur celle des habitants de
Rennes-le-Château, si dignes d’intérêt et de justes ...
Après lecture du procès-verbal, dressé les an, mois et
jour ci-dessus indiqués, les membres présents au
nombre de sept, ont signé ainsi qu’il suit et ont
apposé le sceau de la Paroisse de Rennes-le-Château.
M. le Maire
M. le Président
M. le Curé
Tisseyre
Bonhomme
Mocquin
M. le Trésorier
M. le Secrétaire
M. le Marguillier
Vidal
Maury
Artozouls
M. le Marguillier
Péchou
Notes complémentaires
:
La dépense pour les réparations au clocher lézardé sur ses quatre faces, aux toitures de
l’église, et du presbytère est évaluée à 947 francs. Le Conseil municipal vote pour ce projet
une somme de 250 francs. Le montant des réparations des fenêtres du sanctuaire,
dont les
châssis ont été brisés et emportés par un ouragan
, de la voûte et du remplacement du maître-
autel se monte à 340 francs pour lesquels la Commune et la Fabrique, qui a produit en
justification ses comptes et budgets pour montrer son impuissance à contribuer à la dépense,
sollicitent le secours de l’État. À la séance suivante, qui se déroule le 1
er
avril 1883, 
Sources La Gazette de Rennes-le-Château.

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