lundi 27 mai 2013

(suite) La fin des templiers par Rudy Cambier.

Scène 3 *** Albert d'Athensis et Arsène arrivent en devisant, comme si la conversation avait déjà commencé. Arsène Dans cette affaire, Monsieur, ma position est délicate. Albert Faites trêve de délicatesses et de petites manières. Arsène Croyez bien, Monsieur, que si je n’étais travaillé par mon devoir d’ami, si je n’étais tourmenté par ma conscience … Albert Vous allez continuer longtemps comme ça, à tourner autour du pot ? Arsène Eh bien, puisque vous exigez que je vous le dise tout net, je vous assène le fait : votre fils Julien, mon ami Julien, mon meilleur, mon seul ami est en danger. Albert Hein ! En danger ? Mon gamin en danger ! On le menace ! Qui le menace ? Dites-moi qui et je vais m’en occuper de ce pas. Menacer mon gamin ! Je vais lui en foutre, moi ! Arsène Je crains que nous ne soyons en plein dans le quiproquo, Monsieur, … Albert Dans le quiproquo ? Si vous disiez les choses et nommiez les gens, on saurait de quoi vous parlez. Arsène Celle qui menace mon ami est une femme. Albert totalement éberlué Qu’est-ce que vous me chantez là ? Puis il éclate de rire : Une femme qui menace mon fils ! Arsène Oui, Monsieur. Albert Une bonne femme ! Arsène Oui, Monsieur Albert Vous êtes sûr ? Arsène Absolument, Monsieur. Albert À mon idée, on s’est fichu de vous. Arsène Certainement pas, Monsieur. J’en ai été le témoin. Albert Vous en avez été témoin ! Arsène Oui, Monsieur. À plusieurs reprises. Albert À plusieurs reprises ! Arsène Oui, Monsieur ! Albert Et il ne lui a pas fichu une trempe pour lui remettre la tête en place ? Arsène Oh, il n’allait certes pas … Albert Vous avez raison. Il n’allait pas … Pauvre gamin, va … il sera toujours aussi nouille. Arsène C’est que … Albert Oh, n’essayez pas de le défendre. C’est une mauviette. Au fait, c'est quoi, cette menace ? Et vu que vous étiez là quand il a été menacé, qu’avez-vous fait, vous, pour défendre votre meilleur ami ? Arsène Euuuhhh. C’est-à-dire queuuu … La situation n’était paaas … Albert Ouais ! … Ouais ! … Ouais ! Arsène En fait, le danger n’était pas immédiat, Monsieur. Albert Que le danger soit immédiat ou reporté, une menace, il faut la traiter et la contrer. Arsène Le mot menace est ici plutôt une figure. Albert La menace, une figure ? Qu’est-ce que c’est de cette histoire ? Où voulez-vous en venir à la fin avec vos menaces qui sont des figures ? Et qu’est-ce que c’est que ce langage qui a peur de l’ombre des mots ? Je vous engage à être clair. Arsène Une femme a mis la main sur Julien. Albert incrédule et hilare Une femme a mis la main sur Julien ! Non ! Et dites-moi, cette femme … Arsène Oui, Monsieur Albert Sa main … elle l'a posée à un endroit … intéressant ? Confusion d’Arsène. Et Julien, ça lui a plu ? La manifestation chez lui était … évidente ? L’avez-vous vu faire montre de … son honneur ? Diriez-vous que votre ami était … en gloire ? La dame a-t-elle été heureusement surprise ? N’eut-elle pas l’air affligé ? Son regard fut-il moqueur ? Poussa-t-elle une moue dubitative ? Non ? Haha ! Quoique les femmes soient fort menteuses, nous croirons donc que celle-là ne fut pas déçue. Vous pouvez répondre, puisque vous y étiez. Arsène Vous prenez tout cela à la plaisanterie, et c’est bien naturel, Monsieur, mais il n’empêche que Julien est amoureux. Albert Amoureux ? La belle affaire ! Ça lui passera. Et est-ce que je connais l’heureuse éveilleuse des sens ? Arsène Je le pense, Monsieur. Albert Pensez moins et dites-moi son nom. Arsène Éliabel Labrique. Albert La fille du Philosophe ? Haha ! Admiratif : Hahaaa ! Une pas facile, celle-là ! Dites, mais c’est un exploit ! Je n’aurais jamais cru ça du gamin. Et où se sont-ils cachés pour entreprendre le double dépucelage ? Arsène Je ne crois pas, Monsieur, qu'ils en soient à ce … Albert Il ne la baise pas ? Arsène Non, Monsieur. Albert Et elle non plus ? Arsène Forcément ! Monsieur. Albert Mmmouais … forcément comme vous dites. Alors, s'ils tardent tant, c'est qu'il se pourrait bien que ces deux-là soient vraiment pris d’amour. Ça risque … Arsène Vous avez mille fois raison, Monsieur. Une mésalliance est toujours une triste fin. Albert Mésalliance ? Triste fin ! De quoi parlez-vous ? Arsène Mais Monsieur, assotti comme il l’est, Julien voudra l’épouser. Albert S’il veut l’épouser, eh bien, je dirai oui ! Arsène Comment ! Monsieur … Albert Je dirai oui parce que ce sera une très bonne affaire. Je ne vous apprends pas, jeune homme, que Julien n’est que le cadet d’un nobliau sans grande fortune, en l’occurrence moi. La fille du Philosophe est un excellent parti, héritière et dotée. Si la fille a de la bonté, Julien sera heureux. Et si la fille l’aime, Julien aura gagné le Paradis. Arsène Vous voulez donner votre accord à ce … à cette … Albert Et même ma bénédiction ! Arsène Mais que dira Madame d’Athensis ? Albert Les mêmes bêtises que vous, bien entendu ! Écoutez-moi, jeune Arsène si serviable et si soucieux de son meilleur ami, on va laisser Julien devenir un homme et on va surtout lui ficher la paix. Allez, à la prochaine et merci de votre service ! Albert s'en retourne à sa place et grommelle en aparté bien audible Ce type est tellement faux-cul qu'il l'est même trop pour en faire un diplomate. ° ° ° ° ° (à suivre).

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